Préface

« L’objet d’art remplit sa fonction ultime lorsqu’il mène à de nouvelles rencontres »



Créer.


Dévoré tardivement par cette passion, l’art me permet de fixer dans le temps le souvenir d’une rencontre, d’une pensée, d’une histoire ou d’une émotion.


De cette fixation est né mon amour pour le papier chiffon, pour ces vieux écrits, témoins du temps qui passe, porteurs de multiples histoires. Mais quand d’autres s’arrêtent à l’encre, je me fascine pour sa texture, ses veines, son apparence.


Par-delà les mots, j’ai vu la matière.


J’ai vu les fleurs des champs et les étoffes de tisserand, j’ai vu le coton et le lin habiller le noble comme l’humble paysan, j'ai vu les cordes de bâteaux usées par le vent, le soleil et les tempêtes et enfin j’ai vu le pilon du moulin transformer radicalement cette matière.


Oui, la page d’un livre a vécu tout cela.


Cachée entre deux voisines, elle n’a été regardée que quelques minutes. Elle passe sa vie à attendre patiemment que les détériorations du temps, l’humidité et la vermine la sublime une dernière fois.


A moins que nos chemins se croisent…




(Un grand merci à mon ami Christophe Nicod pour sa contribution au texte)